Hind & Aíslinn
« Knock knock »

Parfois tu te demandais comment tu avais bien pu finir ici. Avec elle, là. Dae. Un nom que tu avais du mal à prononcer, d'ailleurs, qui oscillait entre un Dé et un Da dans ta bouche. Définitivement le genre de nom que tu n'aimais pas, parce que tu avais toujours peur de mal le prononcer et de froisser son ou sa propriétaire.
Mais là n'était pas la question, non. Ce que tu ne cessais de te demander, c'était pourquoi, comment diable tu avais atterri ici. Toi, pauvre étudiante boursière, tu avais pour coloc une... heu... ancienne idole jeunesse, si tu en croyais internet ? N'étant clairement pas une groupie, tu n'en avais pas fait grand cas, du coup, te contentant de profiter de l'aisance relative de l'appartement où tu avais dégotté une chambre. Tu aurais pu tomber sur tellement pire, comme coloc, tu le savais.

Ce jour-là, tu étais seule, miss Corée ayant quitté l'appartement aux petites heures pour... tu ne savais pas quoi, en fait. Et tu t'en battais les ovaires, royalement. Elle te laissait vivre ta vie, alors tu en faisais de même pour elle, même si parfois, telle une grande sœur protectrice, elle te mettait en garde contre tes horaires de sortie décousus, tes fréquentations. Tu envoyais balader ses inquiétude d'un haussement d'épaule.Tu étais une Sorcière, tu ne craignais rien, ni personne. Dans la chaîne alimentaire, vous trôniez au-dessus des humains lambdas dépourvus de toute magie.

Jour de congé oblige, tu avais décidé de lézarder dans le confort du salon, roulant sur le tapis en suivant les rayons solaires qui passaient par la fenêtre. Si des gens avaient vue sur ton salon -et tu savais qu'il y en avait, notamment cette vieille dame qui trouvait ça étrange que deux femmes cohabitent sous le même toit, bien que ce soit mieux qu'un homme et une femme non mariés- ils devaient se dire que tu étais bizarre, allongée par terre avec ton livre, et faisant régulièrement des petits tours sur toi-même pour rester dans la chaleur bienfaisante.

Puis un bruit te tira de ta lecture. Tu détestais qu'on te tire de tes lectures. Surtout qu'en plus, c'était le meilleur passage, celui où le vampire centenaire et sexy perdait le contrôle pour plaquer l'héroïne fière et combattive contre le mur, prêt à lui plonger les crocs dans le cou.
...
Non, en vrai, tu étais en train de lire le énième journal intime de Arrière-...-arrière-grande-tante Magdaleine, et le venin qu'elle crachait sur les Sorcières non Psychiques. Fierté familiale, vous comprenez.

Knock knock.

Si tu faisais la sourde oreille, l'intrus partirait peut-être.

Knock knock.

Hahaha.

« Y A PERSONNE ! PASSEZ VOTRE CHEMIN OU LAISSEZ UN MESSAGE. »

Best réplique à hurler ever.

Aíslinn